A la fin du mois dernier, une amie, qui dirige une grosse école de yoga de ma région, m’a demandé de venir la remplacer pour le premier cours de yoga de la journée. J’ai enseigné là-bas jusqu’au premier covid puis ma propre salle et toutes les activités associées à la gestion de mon espace m’ont éloignée de cette école.
Bref, je n’avais pas donné de cours là-bas depuis presque 2 ans. J’y ai retrouvé des têtes connues et surtout ce monsieur, Didier.
La soixantaine fleurissante, Didier est un grand échalas, très raide. Il était très régulier dans sa pratique à l’époque où j’enseignais. On le voyait souffrir dans les postures en raison de sa raideur (même si dans le yoga que j’enseigne, on adapte aux possibilités corporelles de chacun).
Chez ce monsieur, il y avait une sorte de la colère derrière une détermination un peu sourde à « aller plus loin dans la posture ».
2 ans plus tard, je retrouve cette même personne. Sa physionomie n’a pas changé. Toujours grand, maigre et toujours raide. Mais sa pratique était transformée. Malgré la raideur de ses longs membres, Didier n’est plus dans le « aller vers ».
En un coup d’œil j’ai pu mesurer combien sa pratique était passée d’une pratique débutante à une pratique plus avancée. Il est en mesure désormais d’habiter pleinement la posture telle qu’elle est et non en cherchant à « faire plus », à « aller plus loin ». Je ne sais pas si mes mots peuvent traduire le miracle discret auquel j’ai assisté : cet homme était profondément à l’écoute de lui-même. A la place de la détermination un peu batailleuse que j’observais deux ans auparavant, se donnait à voir le calme tout simple de la pratique.
Si je prends le temps de vous raconter cela aujourd’hui, c’est que le tapis (ou la pratique) est souvent le lieu de puissantes métaphores de nos vies : combien d’entre nous sommes dans le « aller plus loin », « faire mieux », « faire autrement » avec comme moteur l’insatisfaction, cette détermination un peu trop batailleuse derrière laquelle se cache sans doute la détestation de soi ?
Combien sommes-nous à comprendre, pratiques après pratiques, expériences de vie après expériences de vie, qu’il faut avancer en se défaisant de nos « rigidités » ?
Chaque nœud que j’arrive à desserrer me rapproche de la SIMPLICITE. Trouver la simplicité dans nos vies de femmes nous relit à l’essentiel.
Et pour ça, pas de miracles ! Juste de la pratique conscience jour après jour